11h43 CET
24/12/2024
2024 égraine ses derniers chapitres. Bientôt la nouvelle année. Tout au long de cette année, BBC Afrique a couvert divers sujets sur le continent, qui vous ont permis de comprendre l'actualité africaine et mondiale.
Nous avons sélectionné pour vous, à travers cet article, 10 faits de l'actualité africaine traitée sur BBC Afrique et qui ont marqué l'année finissante.
Réélu en décembre 2023, le président de la République Démocratique du Congo (RDC) a prêté serment le 20 janvier 2024, en présence d'une vingtaine de chefs de d'Etat et de dizaine de milliers de personnes.
Félix Tshisekedi a obtenu un score de 73,41% des votes et s'est vu confier les rênes de la RDC pour un nouveau mandat de cinq ans. La Cour constitutionnelle a confirmé cette réélection le 9 janvier en proclamant les résultats définitifs, après avoir rejeté une requête en annulation d'un candidat à l'élection.
40 millions d'électeurs étaient donc appelés aux urnes le 20 décembre 2023, sur un total de plus de 100 millions d'habitants que compte ce vaste pays d'Afrique centrale.
L'Eglise catholique, quant à elle, avait indiqué « de nombreux cas d'irrégularités susceptibles d'affecter l'intégrité des résultats de différents scrutins en certains endroits ».
A cette élection, Moïse Katumbi avait récolté 18% des voix, Martin Fayulu, un peu plus de 5% et Dr Denis Mukwege, 0,22%.
L'autre grand événement de l'actualité africaine de cette année reste la 34e édition de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2023 qui s'est jouée en Côte d'Ivoire du 13 janvier au 11 février 2024, une compétition remportée par l'équipe du pays organisateur face à un autre géant de l'Afrique de l'Ouest, le Nigeria.
Et pourtant, en coulant 4 buts à 0 face à la Guinée Equatoriale lors du dernier match de la phase des poules, tous les pronostics étaient en faveur de la sortie prématurée de la Côte d'Ivoire du tournoi.
En pleine compétition, l'entraîneur de l'équipe ivoirienne, Jean-Louis Gasset s'est vu obligé de démissionner après deux défaites en phase de groupe. Pendant ce temps, le sort des Eléphants s'était retrouvé entre les mains des Marocains qui avaient fini par faire revenir la Côte d'Ivoire dans « sa » Coupe d'Afrique des Nations.
Emerse Fae, entraineur intérimaire, a pris les commandes à travers les phases d'élimination directe. Et ce retour surprenant des Ivoiriens dans le tournoi a été suivi des victoires de cette équipe sur les favoris, notamment sur le champion en titre, le Sénégal et sur le Mali. Cette performance a fini par payer et le 11 février 2024, la Côte d'Ivoire était devenue championne d'Afrique, dans une finale âprement disputée avec le Nigeria.
Le tournoi devrait initialement se tenir entre juin et juillet 2023. Mais en raison des conditions météorologiques, il a été reporté en janvier et février 2024 pour éviter la saison des pluies.
Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, a été élu le 24 mars 2024 au Sénégal et deviendrait ainsi le plus jeune président de la République élu en exercice en Afrique. Il a accédé au pouvoir avec 54,28% des suffrages, dépassant ainsi le candidat du pouvoir, Amadou Ba crédité de 35,79% des suffrages.
Cette élection était intervenue après plusieurs manifestations violentes dans le pays contre le régime de Macky Sall qui, entre-temps, avait annoncé le report de cette élection au 15 décembre 2024.
Le Sénégal avait connu d'autres violentes manifestations qui ont conduit à l'arrestation du principal opposant au régime Sall, Ousmane Sonko et de son camarade Bassirou Diomaye qui ont fait la prison jusqu'à après le démarrage de la campagne pour la présidentielle.
C'est d'ailleurs dix (10) jours avant la tenue de cette présidentielle que les deux responsables du Pastef ont été libérés de prison, ont battu campagne auprès des Sénégalais avec leur « Projet » (programme politique du parti pour le Sénégal) et finalement sont sortis vainqueurs de cette élection.
« Je félicite le vainqueur, M. Bassirou Diomaye Faye, que les tendances donnent gagnant. C'est la victoire de la démocratie sénégalaise », avait écrit sur X le président sortant Macky Sall qui avait reconnu la défaite de son candidat.
Et donc de la prison, Bassirou Diomaye Faye s'est retrouvé à la présidence de la République. Il dirige le Sénégal avec son mentor, Ousmane Sonko devenu son Premier ministre.
Bassirou Diomaye Faye a promis une gouvernance de rupture et de justice sociale sous le sceau du triptyque wolof (langue la plus parlée au Sénégal) "jub, jubbal, jubbanti" qui peut se traduire par droiture, transparence et exemplarité.
L'actualité africaine cette année, c'est aussi les inondations qui se sont produites dans quelques pays sur le continent. BBC Afrique a été également au cœur de cette actualité où les mois de juillet, août et septembre ont été très éprouvants pour les populations de certains pays, notamment le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria.
« Quand j'ai vu son corps, j'ai ressenti une grande tristesse », avait raconté à BBC Afrique le frère aîné de El Hadj Souleymana, commerçant, qui a péri dans une inondation au Niger, laissant derrière lui douze (12) orphelins et deux (02) femmes veuves.
Ces inondations ont frappé notamment le Sahel et ont fait des centaines de morts et beaucoup de dégâts matériels, privant ainsi des milliers de foyers de maisons.
Au Tchad par exemple, selon UN OCHA, l'Office des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, l'inondation de cette année a touché 964 000 personnes, dont 145 décès signalés, 1 600 ménages affectés avec 70 000 maisons détruites, plus de 30 000 têtes de bêtes emportées et 250 000 hectares de terres agricoles inondées et des cultures détruites.
Selon l'Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) du Nigeria, les inondations ont touché 27 États, entraînant le déplacement de plus de 227 000 personnes.
L'Afrique centrale et occidentale a été particulièrement touchée cette année. Selon les statistiques rendues publiques par UN OCHA, en collaboration avec OIM et les gouvernements du Tchad et du Niger, les inondations de 2024 « pourraient surpasser toutes celles vécues ces dernières années dans la région selon les prévisions ».
Les inondations sont les catastrophes naturelles les plus fréquentes ces dernières années dans la région au cours des deux dernières décennies. Plus de 570 000 personnes tuées en août 2024 et environ 1 600 000 déplacés.
En lice avec 9 autres candidats pour la présidentielle au Tchad, Idriss Deby Mahamat a été proclamé vainqueur de cette élection par le Conseil constitutionnel en mai dernier. Il est ainsi devenu le président de la République après avoir dirigé pendant 3 ans la transition, suite au décès de son père Idriss Deby Itno sur le champ de bataille en avril 2021.
Le duel se jouait, lors de cette élection présidentielle, notamment entre Idriss Deby Mahamat et son principal opposant, Succès Mastra, devenu entre-temps son Premier ministre.
Le général Deby Itno qui a dirigé la transition au Tchad pendant trois ans, a recueilli 3 784 360 voix, soit 61,03%, selon l'ANGE (Ange Nationale de Gestion des Elections). Il est suivi, selon ces résultats, par son Premier ministre Dr Succès Masra qui a obtenu 1 149 199 voix, soit 18,53%. Sur les 8 202 207 d'électeurs inscrits, 6 224 387 ont voté, avec 23 686 bulletins nuls. Le suffrage exprimé est 6 200 701, soit 75,89%.
« Je suis désormais le président élu de tous les Tchadiens, aussi bien le président, de ceux qui ont voté pour moi, mais aussi les présidents de ceux qui ont fait d'autres choix », a réagi le Général Mahamat Idriss Deby Itno après la proclamation des résultats provisoires le donnant vainqueur de la présidentielle.
Dans la fièvre de cette victoire, près d'une vingtaine de personnes ont été tuées et une soixantaine blessées après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle, selon des sources médicales à l'hôpital général de référence de N'Djamena et à l'hôpital de la coopération Tchad-Chine.
Des morts et blessés par balles réelles consécutifs aux tirs de joie incontrôlés survenus le soir de la proclamation des résultats, peu après l'annonce de la victoire du général Mahamat Déby à la présidentielle par l'Agence nationale de gestion des élections (ANGE).
Des militaires munis de kalachnikovs et d'armes automatiques ont tiré en l'air à N'Djamena dans le quartier où se situe le siège du parti Les Transformateurs, le parti de Succès Masra, pour manifester mais aussi pour dissuader les partisans du premier ministre Masra de se rassembler.
BBC Afrique a suivi tout au long de l'année l'actualité dans les pays du Sahel, notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger qui ont annoncé en 2023 leur retrait de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
En mars 2024, les pays dirigés par des militaires (à la suite des coups d'Etat) ont annoncé la création d'une force commune pour lutter contre l'insécurité à laquelle ils sont confrontés.
Selon le Général Moussa Salaou Barmou, chef d'Etat-major nigérien des armées, la force conjointe des trois pays qui composent l'Alliance des Etats du Sahel (AES) « sera opérationnelle dans les plus brefs délais pour prendre en compte les défis sécuritaires » de cet espace.
Le week-end dernier, les trois pays ont réitéré que leur décision de sortir de la CEDEAO est « irréversible » et qu'il ne reste qu'à étudier « les modalités de retrait ». Ils annoncent toutefois ouvrir leur espace aux citoyens de la CEDEAO qui peuvent y circuler librement.
Au même moment, la CEDEAO a lancé un appel au Burkina Faso, au Mali et au Niger de reconsidérer cette décision pour leur retour au sein de l'organisation sous-régionale. Un délai de 6 mois de surplus leur a été accordé pour réfléchir. Ce retrait qui devrait être acté le 29 janvier 2025 est prolongé jusqu'au 29 juillet 2025.
En choisissant de se regrouper dans l'Alliance des Etats du Sahel, le Mali, le Niger et le Burkina Faso avaient accepté le 16 septembre 2023 de conclure un pacte de défense mutuelle. C'était dans un contexte où la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) menaçait d'intervenir militairement au Niger lorsque la junte qui a fait le coup d'Etat en juillet a refusé de rétablir l'ordre constitutionnel.
Le chavirement des pirogues avec son lot de morts de migrants qui quittent les côtes africaines, a fait beaucoup l'actualité sur le continent. Plusieurs Africains qui ont quitté le Sénégal, la Mauritanie, le Mali et d'autres pays ont péri en mer, laissant des familles en deuil.
Selon les chiffres de l'OIM, en 2024, près de 60 216 migrants ont rejoint l'archipel espagnol des Canaries de manière irrégulière, dont 57 738 par voie maritime.
Selon les données publiées par les autorités espagnoles, entre le 1er janvier 2024 et le 31 juillet 2024, près de 27 640 migrants ont atteint les côtes des îles Canaries à bord de 822 embarcations. Ce chiffre représente une augmentation de 12 % par rapport à la même période de l'année précédente.
Selon l'ONG Caminando Fonteras, plus 4 800 personnes qui ont tenté de rallier les Canaries, ont péri sur cette route de janvier à mai 2024.
« Ces chiffres effarants reflètent le désespoir croissant de notre jeunesse qui, face à l'absence de perspectives d'avenir, choisit de braver la mort dans l'espoir d'un meilleur avenir. En outre, ces migrations non sécurisées constituent une violation du Protocole de Palerme relatif à la lutte contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer, auquel le Sénégal est partie », confiait à BBC Afrique Adama MBENGUE, Président Action pour les Droits Humains et l'Amitié (ADHA), une ONG basée au Sénégal.
BBC Afrique a également suivi l'affaire de tentative de coup d'Etat au Burkina Faso, dans laquelle sont impliqués des personnalités étrangères, selon la junte au pouvoir dans ce pays. Cinq milliards de francs CFA, c'est la somme préparée pour déstabiliser le pays, selon les autorités militaires.
L'ancienne junte déchue, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a été cité dans une liste comprenant plusieurs dirigeants civils et militaires, pour avoir orchestré l'attaque meurtrière du 24 août à Barsalogho dans le cadre d'un coup d'État planifié.
« J'ai instruit le procureur de la République du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouaga II d'ouvrir immédiatement une information judiciaire sur les faits d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et toute autre infraction que les informations établiraient à l'encontre des personnes, en particulier le ministre de la sécurité », peut-on lire dans un communiqué de la présidence.
Les autorités militaires avaient indiqué qu'un groupe de 150 militants de la région du centre-est du Burkina Faso devait attaquer le palais présidentiel à Ouagadougou, tandis qu'un deuxième groupe aurait attaqué la base de drones et qu'un troisième groupe, provenant du territoire ivoirien, devait mener des attaques à la frontière pour disperser les forces de défense et de sécurité burkinabè.
Les personnes citées par le ministre n'ont pas répondu à ces allégations. Le Burkina Faso est en proie à l'insécurité depuis plusieurs mois à la suite d'une série d'attaques imputées à des groupes d'insurgés. La junte militaire a pris le contrôle du Burkina Faso il y a deux ans, promettant de mettre fin à l'insurrection djihadiste. Mais la situation sécuritaire n'a cessé de se détériorer, malgré la rupture des liens avec la France et le recentrage sur la Russie.
En mai 2024, le Togo est passé du régime semi-présidentiel à un régime parlementaire par le biais d'un changement de la Constitution opéré nuitamment par des députés à l'Assemblée nationale. Cette nouvelle constitution qui a été promulguée par le chef de l'Etat, Faure Gnassingbé, est toujours contestée par l'opposition et des organisations de la société civile.
Ces dernières estiment que le régime en place à l'intention de conserver le pouvoir à vie, traçant un boulevard à Faure Gnassingbé au pouvoir au Togo depuis 2005, après la mort de son père Gnassingbé Eyadéma.
Selon la nouvelle constitution, c'est le président du Conseil des ministres, élu par les députés au sein de la majorité parlementaire (que détient actuellement le parti de Faure Gnassingbé), qui a tous les pouvoirs de décision dans le pays. Il y aura bien sûr un président de la République, mais son pouvoir sera honorifique.
Le gouvernement a d'ailleurs annoncé il y a quelques jours la tenue des élections sénatoriales dont la date a été fixée le 2 février 2025. L'opposition appelle au rétablissement de l'ancienne constitution de 1992 et demande au peuple de se mobiliser.
La variole du singe ou Monkeypox ou encore mpox a tenu la une de l'actualité africaine une bonne partie de l'année. Dans certains pays, la lutte contre cette maladie qui a fait beaucoup de victimes sur le continent, continue avec la vaccination.
La variole est causée par le virus de la variole du singe, qui appartient à la même famille de virus que la variole, bien qu'elle soit beaucoup moins grave. Il existe deux souches princi-pales du virus. La plus bénigne a provoqué une épidémie mondiale en 2022, qui s'est propa-gée à près de 100 pays où le virus n'est pas présent habituellement.
La seconde souche, plus mortelle, est endémique en Afrique centrale - elle est à l'origine de la nouvelle souche récemment découverte en République démocratique du Congo.
En août 2024, les centres de contrôle des maladies (CDC) de l'Union africaine ont officiel-lement déclaré qu'une nouvelle souche du virus mpox constituait une urgence de santé pu-blique.
À la fin du mois de juillet, le CDC faisait état d'un total de 37 583 cas depuis le début de l'année 2022, dont 1 451 décès signalés dans 15 États membres de l'Union africaine.
La BBC avait visité l'épicentre de cette épidémie à l'Est de la République démocratique du Congo, où on avait commencé à vacciner les gens contre cette maladie. Dans un centre de traitement de la province du Sud-Kivu que la BBC a visité dans l'épicentre de l'épidémie, ils disaient que de plus en plus de patients arrivaient chaque jour - en particulier des bébés - et qu'il y avait une pénurie d'équipements essentiels.