17h22 CET
20/01/2025
Venu de deuxième division portugaise il y a deux ans et demi, Alexsandro s'est imposé comme un défenseur fort dans le duel, audacieux dans la passe et "guerrier" au point de devenir l'un des piliers du Losc, qui va à Anfield pour y défier Liverpool mardi (21h00).
D'une favela de Rio de Janeiro aux étoiles de la Ligue des champions, l'histoire d'Alexsandro Victor de Souza Ribeiro a tout du conte de fées que le football moderne permet d'écrire.
Le personnage principal est un grand et costaud défenseur central (1,91 mètre, 92 kilos) de 25 ans qui n'a cessé de progresser jusqu'à former l'inamovible charnière centrale de Lille avec Bafodé Diakité.
Sous les ordres de Bruno Genesio, le natif de Rio a pris une toute autre dimension, réussissant quelques performances majeures sur la plus grande scène européenne, contre le Real Madrid (1-0) notamment, tout en restant solide en Ligue 1.
"Le nouveau staff qui nous a pris en charge nous a permis de progresser sur de nouveaux points, et tout le monde l'a remarqué: il a atteint un niveau affolant, que ce soit dans la relance, les duels", s'émerveille Bafodé Diakité. J'essaie d'apprendre de lui. On avance bien, je suis content d'être avec lui!"
- Une maison pour sa famille -
Alexsandro l'a souvent répété depuis son arrivée dans le Nord en juillet 2022: il vient de loin. D'une enfance passée avec ses quatre frères dans la misère des bidonvilles, où il ramassait des déchets en plastique à recycler pour les revendre, à la deuxième division portugaise avec Chaves, il a très tôt appris à travailler avec acharnement.
Jusqu'à pouvoir réaliser un "rêve": "mettre (s)a famille à l'abri". "Ils sont installés confortablement dans une maison que j'ai pu leur offrir", révélait-il en décembre 2023.
"Quand je suis arrivé à Lille, j'appréhendais, parce que je viens du championnat portugais", raconte-t-il. "Au fur et à mesure des mois, dans ma progression, dans mon travail et dans mon abnégation au quotidien, je sens que je suis plus important au sein du club. C'est ce qui me rend très fier."
La saison dernière, sous les ordres de Paulo Fonseca, Alexsandro était parfois coupables de moments d'inattention, d'erreurs de jugement voire de bourdes qui ternissaient des performances sinon encourageantes.
Depuis, "il a pris en maturité", observe Lucas Chevalier. "Au début, ça peut sembler comme un pari, et c'est devenu un élément hyper important pour l'équipe", souligne le gardien international français. "Forcément, il y a toujours des choses à corriger mais il a évolué techniquement, et dans sa sérénité aussi."
- "Il doit gagner en concentration" -
Très timide dans son expression médiatique, Alexsandro en impose sur les terrains de Ligue 1 et de Ligue des champions, où sa rage de vaincre est contagieuse au sein d'un collectif qui reste sur 21 matches sans défaite, record de l'histoire du club nordiste.
"Il a ce côté très guerrier, quand il faut garder le résultat, aller à la bagarre, commente Chevalier. C'est une énergie qu'il dégage, et ça donne de la force à tout le monde, même si parfois il va être approximatif et envoyer des ballons en touche. J'aime bien!"
Lucas Chevalier en rit, mais ce n'est sans doute pas le cas de tous les supporters du Stade Pierre-Mauroy, à qui Alexsandro donne des sueurs froides par certaines relances dangereuses, notamment une face à Nice samedi (2-1). Le signe d'une marge de progression supplémentaire.
"Il coche beaucoup de cases dans ce qu'on recherche aujourd'hui chez un défenseur central: il est bon de la tête, va très vite, est très agressif dans les duels et il est capable de sortir les ballons soit par des passes qui cassent des lignes, soit par sa conduite de balle, le complimente Bruno Genesio. Je pense qu'il doit gagner encore en concentration, en analyse de certaines situations, pour être encore plus performant."
Comme tous ses coéquipiers, Alexsandro fait désormais face à l'un des plus grands défis de sa carrière: affronter Liverpool, qui domine son championnat et l'Europe, à Anfield. Lille aura bien besoin de son "guerrier".